Dans un environnement économique marqué par la volatilité, les pressions réglementaires et les enjeux de durabilité, disposer d’une cartographie claire et évolutive de ses achats devient incontournable. La matrice de Kraljic, outil fondamental depuis les années 1980, conserve tout son intérêt. Mais pour répondre aux exigences de 2025, elle doit évoluer. Digitalisation, intégration des critères ESG, analyse des risques en temps réel et collaboration interfonctionnelle permettent aujourd’hui de faire de la matrice un instrument stratégique puissant et agile. et de complexification des chaînes d’approvisionnement, la cartographie stratégique des achats devient une nécessité absolue. La matrice de Kraljic, conçue en 1983, reste un outil de référence. Mais pour qu’elle soit pertinente en 2025, elle doit évoluer. Digitalisation, critères ESG, gestion dynamique des risques et intelligence artificielle : voici comment transformer cette matrice classique en un levier moderne de pilotage des achats.
La matrice de Kraljic repose historiquement sur deux axes :
Cette approche débouche sur quatre quadrants :
Cette typologie simple permet une première priorisation des efforts achats.
Si la matrice de Kraljic a longtemps fait ses preuves, son application brute ne suffit plus dans un contexte en perpétuelle mutation. Dans de nombreuses organisations, elle reste un exercice ponctuel figé dans le temps, rarement mis à jour, et déconnecté des systèmes d'information. Elle ne tient pas compte des critères de durabilité, ignore la volatilité du marché fournisseur et n'offre aucun cadre d'intégration dans une stratégie outillée, automatisée et collaborative.- Elle est souvent figée dans le temps et rarement mise à jour
Pour répondre aux exigences contemporaines, la matrice de Kraljic évolue vers une version 2.0. Ce modèle enrichi intègre une troisième dimension telle que le pouvoir de négociation ou la maturité du marché, offrant une analyse plus fine et plus pertinente des catégories d'achat. Grâce aux outils digitaux, les notations sont actualisées automatiquement et croisées avec des indicateurs ESG. Cette version moderne favorise également une approche collaborative, réunissant les services achats, supply chain, finance et RSE autour d’une vision partagée.. On parle de Kraljic 2.0, avec :
Les technologies digitales transforment la cartographie achats en un processus dynamique et intelligent. Les plateformes SRM ou ERP peuvent désormais collecter en continu des données relatives à la performance fournisseur, aux niveaux de risque, ou aux critères de conformité. Ces données alimentent automatiquement des dashboards interactifs, mis à jour en temps réel, qui permettent de repositionner les catégories ou fournisseurs dans la matrice selon l'évolution des enjeux. L’intelligence artificielle vient enrichir ce dispositif en identifiant les signaux faibles ou les tendances émergentes.- Alimentée automatiquement par des données de performance, risques et conformité
Cette digitalisation transforme la matrice en outil vivant, évolutif et aligné sur la réalité opérationnelle.
En 2025, ignorer les critères environnementaux et sociaux dans sa segmentation fournisseurs est une erreur stratégique. Une matrice moderne :
Ainsi, un fournisseur stratégique mais peu aligné aux critères RSE peut être repositionné dans un quadrant à surveiller.
Pour tirer pleinement parti d'une matrice de Kraljic enrichie, une méthodologie rigoureuse s’impose. Le processus commence par une collecte structurée des données achats, risques, dépendance fournisseur et indicateurs RSE. Ces informations sont ensuite consolidées lors d’ateliers transverses regroupant les parties prenantes clés. La pondération des critères est calibrée selon les enjeux stratégiques, et le scoring peut être automatisé à l’aide d’outils BI. Enfin, la gouvernance impose des cycles réguliers de mise à jour pour garantir la pertinence et l’actionnabilité de la cartographie. : performance, risques, dépendance, scores RSE2. Ateliers transverses : achats, RSE, juridique, supply chain, finance3. Scoring automatisé : avec pondération dynamique selon enjeux stratégiques4. Représentation visuelle : via outils digitaux type Power BI, SRM, etc.5. Gouvernance : mise à jour semestrielle ou à chaque changement stratégique
La version enrichie de la matrice de Kraljic offre une vision claire et actualisée du portefeuille achats, en intégrant les nouvelles dimensions incontournables que sont la durabilité, la gestion du risque et la performance opérationnelle. Elle facilite l’allocation des ressources, renforce la capacité de décision en temps réel, et améliore la coordination entre les équipes achats, finance, supply chain et RSE. En devenant un outil partagé, évolutif et connecté, elle sert de socle stratégique pour des décisions plus responsables et plus résilientes.
Faut-il utiliser la matrice pour les fournisseurs ou les familles d’achat ?
Traditionnellement utilisée pour les familles d’achat, la matrice est de plus en plus utilisée pour segmenter les fournisseurs eux-mêmes, notamment dans les outils SRM.
Comment intégrer la durabilité dans la matrice de Kraljic ?
En ajoutant des critères RSE au scoring des catégories ou fournisseurs : émissions carbone, éthique, audits sociaux…
À quelle fréquence faut-il mettre à jour la matrice ?
Tous les 6 mois minimum, ou dès qu’un changement impactant survient (nouvelle loi, rupture fournisseur, changement d’objectif stratégique).
Quels outils permettent d’automatiser la cartographie ?
Des plateformes SRM, outils ERP connectés à des bases fournisseurs, ou des dashboards BI (Power BI, Qlik, Looker).
La matrice de Kraljic reste un excellent point de départ pour segmenter ses achats. Mais en 2025, son efficacité dépendra de sa capacité à intégrer les dimensions modernes de l’achat : durabilité, risque, digitalisation et agilité. En la combinant à des outils intelligents et une gouvernance transverse, elle devient bien plus qu’un tableau stratégique : un véritable levier décisionnel durable.